Voilà plus d'un mois, quasiment deux, j'ai pris une décision importante. La décision de trouver le moyen de vivre pleinement, complètement, au lieu des quelques heures que je grapillais tard le soir. Aujourd'hui j'ai pris la décision d'en parler ouvertement ici, pas par exhibitionnisme mais parce que j'éprouve le besoin de me ré-approprier cet endroit qui me sert de journal depuis plus de trois ans. Je me suis trouvé dans une situation aliénante, pendant des années, à mettre mon mouchoir sur mes projets ou mes envies en attendant un mieux à venir. L'éternel optimiste que j'étais — peut-être le suis-je encore en pensant à mon avenir qui se profile — n'était en fait que le résultat d'une résignation. C'est difficile à admettre, difficile de prendre le recul nécessaire pour s'en apercevoir car les vieux réflexes sont présents, les conditionnements encore bien ancrés.
Vingt ans se sont écoulés. Vingt à construire, à essayer de bâtir ce que je croyais être un idéal pour finalement m'apercevoir que je m'étais oublié au passage. C'est long et c'est pourtant passé rapidement parce que le vécu n'a pas laissé la place à la réflexion. Il a fallu que j'ouvre le robinet ici pour enfin poser des mots et des sentiments sur ces années passées. Cette décision de recommencer autrement n'est pas venue sans douleurs. Elle montre un échec qu'il n'est jamais agréable de constater. J'en porte ma part de responsabilité, bien sûr, mais cela ne peut remettre en cause ce que j'ai choisi, je dirais même au contraire !
C'était confortable. Une vie tranquille, un quotidien quasiment immuable, des routines anciennes qui ne varient pas d'une année sur l'autre. Les mêmes endroits, les mêmes contraintes et finalement les plaisirs qui n'en sont plus tellement ils ont été vécus et revécus. Et puis des aspirations et des affinités qui se révèlent tellement dissemblables, tellement éloignées que plus rien n'est fait ensemble. À se demander si un jour nous en avions en commun ? Probablement, au moins quelques unes. Mais elles ne suffisent pas à pallier l'absence de projets qui satisfassent chacun.
Un enfant ne suffit pas. Il suffit au bonheur mais il ne suffit pas pour conserver (ou pour restaurer) une cohésion au sein du couple. Bien sûr l'attention est déportée sur ses besoins, parce qu'il occupe une part non négligeable de nos préoccupations, mais cela ne suffit pas à masquer un mal-être présent et qui n'en dépend pas. L'origine est plus ancienne, plus lointaine, masquée par le train-train et les concessions qu'on a faites avec l'autre et surtout avec soi-même.
Et puis finalement, une fois la décision acquise, cela devient plus facile. Souvent j'essaye de comparer une vie comme avant et une autre dont je ne connais pas encore le visage mais pour laquelle j'ai déjà commencé à faire des projets et quelques rêves. Peut-être se réaliseront-ils, peut-être pas, mais je peux dorénavant en faire, alors invariablement j'aboutis à la même conclusion, à la même décision. Et puis finalement pourquoi vouloir s'acharner à une non-vie quand on peut faire autrement, y compris si cela peut coûter en chemin ?
1 De femme -
bonne chance ! on m'a souvent dit "tu sais que ce que tu perds pas ce que tu vas retrouver" et cette phrase je la deteste, elle fait reculer de 10 pas...
2 De Kozlika -
femme > Ah oui, je préfère l'une des formules favorites de Xave : fais ce que tu regretterais plus tard de ne pas avoir fait.
3 De femme -
c mieux...
4 De saperli -
tiens, c'est exactement le discours de mon ex, "je me suis trouvé dans une situation aliénante, pendant des années, à mettre mon mouchoir sur mes projets ou mes envies en attendant un mieux à venir" : mieux en quoi ? en liberté ? Oui, peut-être mais à quel prix pour ceux qui restent ? N'est-ce pas plutôt pour se débarasser des contraintes d'une vie que l'on s'est néanmoins choisie (même si ça fait quelques années) ? Les projets en commun, normal qu'ils soient moins nombreux au fil du temps, cela empêche-t-il de vivre ensemble et de continuer à en faire d'autres plus tard ?
5 De Franck -
L'alternative est quoi dans ce cas ? Je continue sans rien dire, me contentant de ce qui me reste, c'est à dire deux ou trois heures prélevées sur mon sommeil ? J'ai effectivement choisi — quoiqu'on puisse en débattre longuement — cette vie et je choisis de ne pas la poursuivre, est-ce criminel ? Dans ce cas il faut interdire la désunion, la rendre condamnable et la sentence serait … de rester ?
Quand aux projets je ne comprends pas pourquoi ils devraient être moins nombreux au fil du temps ! Pour le reste je préfère m'abstenir d'y répondre pour le moment, car il me faudrait en dire beaucoup plus que ce que je suis prêt à dévoiler ici.
6 De saperli -
excuse-moi de t'avoir un peu bousculé, ce n'est pas ton choix que je voulais critiquer, mais les arguments que tu mets en avant. Les projets, selon ce que fait l'un et l'autre des partenaires d'un couple, ça va et ça vient, il y a des moments où c'est moins ou plus propice pour en avoir en commun, c'est ce que je voulais dire. Je pense effectivement que tu as d'autres raisons.
7 De François Granger -
Saperli, on peut toujours espérer que les choses s'arrangent (d'elles même ? ;-), ou faire le constat qu'il y a fort peu d'espoir d'amélioration. Et donc chercher peut être pas mieux, mais au moins la fin de l'étouffement des désirs, la fin des multiples renoncements inutiles....
On peut vouloir ne plus renoncer à vivre, et choisir le risque pour se recréer une vie qui donne envie de la vivre....
8 De Pierre Kubick -
Il n'est pas facile de décrire un vécu, le cheminement de nos pensées, de nos sentiments, de nos émotions, limités par les mots, par l'intégrité des souvenirs.
Pour suivre un chemin parallèle au tien, je sais la part de l'ineffable dans une décision qui s'avère un jour inéluctable.
Oh certes, il y a des valeurs communes, comme celle d'être un bon parent, certes il y a un train-train quotidien dont les grandes disputes sont absentes, parsemé toutefois de griefs ressentis et jamais exprimés.
La vie ressemble alors à un sablier dont les grains-sentiments s'échappent petit à petit jusqu'à ce qu'il soit impossible de le retourner car l'ultime grain, celui d'une tendre complicité, est tombé et on se rend alors compte de l'incapacité à vivre en harmonie avec soi-même et avec l'autre.
De celle qu'on avait choisi, il reste une mère, admirable O combien, dans son dévouement exclusif qui l'étreint entièrement.
Survient alors la question : dois-je subir mon destin ou essayer de m'en rendre maitre ?
Tu as choisi. Nul ne peut le faire à ta place ou t'en faire grief. car chacun est seul, irrémédiablement, pour aimer et pour souffrir.
9 De samantdi -
Parfois, quand on est quitté-e, on voudrait être cet enquêteur qui trouvera la raison, on s'en arrache les ongles et les cheveux, on ne comprend pas.
Pour celui ou celle qui s'en va, la nécessité de partir, ressentie au plus profond de soi, est de l'ordre de l'évidence. Une décision au-delà des arguments, je crois, obscurcie d'une part de mystère.
Certaines personnes ne la ressentent pas, cette évidence, et pour elles, le mystère reste entier ...
(en tout cas, je sens tellement d'énergie dans tes derniers billets que je me dis que tu es en harmonie avec toi-même, malgré les chamboulements)
10 De gilda -
Ce que tu décris de l'enfermement qu'était devenu ta vie en général ressemble beaucoup à celui qu'était devenu pour moi ma vie professionnelle diurne : en fait au début on se trouve pris dans ce qui est devant être fait, on croit être en présence de la bonne personne (quand il s'agit de vie privée) ou d'un métier correct à défaut de faire rêver et puis on assure vaille que vaille, jusqu'au jour où l'on prend conscience qu'on devenait des vivants morts.
"Certaines personnes ne la ressentent pas, cette évidence, et pour elles, le mystère reste entier ..." : enfin il faudrait quand même que ceux qui partent aient le courage de causer (Franck surtout je ne dis pas ça pour toi, je répond en général à Samantdi, là). Il faudrait dire qu'il s'agisse d'amour ou d'amitié les choses au fur et à mesure, plutôt que de faire genre on est satisfait, ce que l'autre peut croire, et puis d'éclater ou de disparaître à retardement. Par exemple j'ignorai (et pas moi seule, les autres aussi de ma petite famille qui ont été déçus, surpris) que ma soeur était de droite rigide et fière de l'être puisque qu'elle ne disait jamais rien et semblait toujours d'accord et prenait la tangente quand on causait des sujets qui fâchent, lorsque pour la première fois de nos vies je l'ai sollicitée pour un truc (envoyer pour Florence Aubenas et Hussein Hanoun un message de soutien à Libé dans les premiers jours de leur enlèvement) et qu'elle m'a répondu "mais tu comprends Libé" (au sens de non, je ne peux pas). Si elle s'était montrée naturelle et franche au fil des années, j'aurais tout simplement évité de lui demander, je lui aurais foutu la paix avec ses convictions. Au lieu de ça, sa réponse m'a fait si mal qu'aujourd'hui je ne parviens plus à éprouver d'affection pour cette personne qui m'est devenue d'un seul coup étrangère. Et du coup tout le monde fait du mal à tout le monde alors qu'au départ on s'aimait plutôt bien.
Te concernant je pense que tu fais (très) bien (je me demande ce qui m'autorise à énoncer ça et si péremptoirement, mais bon). Même si ça va être compliqué au départ en pratique (et sans doute douloureux) pour ton fiston, il aurait souffert plus tard d'avoir dû subir ses parents malheureux ensemble, si tu n'avais pas pris ta décision fermement. Ça vous laisse une chance d'avoir à son âge adulte une belle et harmonieuse relation.
11 De bénédicte -
Bonsoir Franck
Il y a quelques années, j'ai fait le même genre de constat que toi sur ma vie. L'histoire n'était pas invivable, mais elle avait fait son temps. On aurait pu continuer, mais à quoi bon. J'ai donc fait comme toi, je suis partie. Sans haine, sans hargne. Je n'avais même pas de reproche à faire. Je ne partais pas pour quelqu'un d'autre, surtout pas. J'en avais juste assez. Et envie d'autre chose sans savoir précisément quoi. Je sais aujourd'hui que je nous ai rendu service. Il a "refait" (quel mot à la con :o) ) sa vie, on s'entend bien, on s'apprécie encore beaucoup, et on n'a jamais rien caché à notre fils. On peut cesser la vie commune sans faire trop de casse sur le reste. C'est ce que je te souhaite. Et de ne pas donner de prise à la culpabilisation. Franck, on peut vivre plusieurs vies en une seule, je pense même qu'on est faits pour ça.
Bizoux XXL
12 De Franck -
Chacun de vous, avec vos sensibilités respectives, avez dit comment vous ressentiez cela. Chacun de vous avez dit une ou plusieurs vérités, qui m'apparaissent très justes à les lire, qui me concernent directement. Je trouve étonnante la quasi universalité de ce qui arrive, comme si cela était dans l'ordre des choses de voir finalement une fin à une histoire qu'on croyait originellement éternelle.
J'ai un sentiment de culpabilité parce que cette décision fait souffrir, mais je suis certain que la souffrance de ne rien faire et de le regretter plus tard serait encore plus grande. Il n'est pas question de refaire une autre vie, simplement de prendre un chemin qui me convienne mieux, qui me permette de vivre. Ce choix peut apparaître égoïste pour certains et je l'assume pleinement, mais j'ai fait ce choix de la manière la plus honnête que je pouvais et j'en mesure ses conséquences.
J'espère aboutir à une situation plus claire, plus stable, plus apaisée rapidement, même si je sais qu'il faudra du temps.
13 De peano -
Comme toujours les propos des uns et des autres sur ce blog sont mesurés et respectueux des uns et des autres, mais peut-être les propos irrespectueux sont-ils à juste titre filtrés...
Pour ma part je rejoins saperli.
" s'aimer, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, mais regarder ensemble dans la même direction " est pour moi une maxime de référence.
Quand j'étais jeune un membre d'un orchestre m'avait dit : "Tu commences un concert, tous les instruments sont accordés, au bout de quelques minutes,la température a changé dans la salle, certains instruments plus sensibles à la chaleur sont désaccordés les uns par rapport aux autres, il faut réaccorder "
Le désaccord, le déséquilibre sont dans la nature, changer de vie est un pari, si on n'engage que soi c'est déjà un risque, si cela remet en question la vie de son entourage c'est encore plus délicat.
Proche de la retraite, mes enfants sont élevés, j'arrêterais bien de bosser quitte à ne pas toucher les cent pour cent de retraite. Si j'étais seul je l'aurais déjà fait. Mais si je meurs dans deux ans ,avec une demi-pension amoindrie quel sera le vécu de celle qui m'a accompagné ...
Veiller à bien peser le pour et le contre...
Les beaux jours à venir ne sont pas encore passés...Affronter le gros temps est une épreuve. Courage !
14 De Franck -
Juste une précision : Je ne fais pas de filtrage ou de modération des commentaires déposés ici pour autant qu'ils ne soient pas injurieux ou diffamant. Le seul que j'ai retiré volontairement ces derniers temps l'a été parce qu'il révélait des détails de ma vie privée que je ne voulais pas voir publiquement affichés.
15 De Lipki -
Tu a surement tes raison, mais tes arguments sont bidon.
Alors la vie de couple, le bonheur d'être deux pour aujourd'hui est pour demain, tous cela n'existe pas.
C'est un concept inventé part l'homme et maintenue par des traditions, pour des raisons pratiques.
On décide que les traditions sont ne sont plus dans le vent, L'abnégation se traite chez le psy et l'amours y perd ses dernières plumes.
Dans un univers différent, dans un futur proche, quand l'égoïsme sera la seul voix de sagesse et que les couples ne tiendrons pas plus de 6 mois, les histoires fantastique pour nos enfants parlerons d'amours éternelle.
J'ai envie de vomir.
16 De gilda -
Lipki, peut-être que je suis la seule ici (et ce n'est pas chez moi) mais je ne comprends pas ce que tu as voulu dire. Ce n'est pas être égoïste que de savoir mettre fin à une relation lorsqu'elle va dans le mur et est devenue toxique, c'est même l'inverse. C'est faire preuve d'intelligence et de sens des responsabilités. Partir ne veut pas dire quitter sans respect ni explication de pourquoi ça ne va plus. (et je dis ça alors que 1/ je suis une femme ; 2/ on m'a quittée mais je n'ai jamais quitté personne)
17 De samantdi -
Peut-être que Lipki, en croyant parler ironiquement, met le doigt sur une vérité : "la vie de couple, le bonheur d'être deux pour aujourd'hui est pour demain, tous cela n'existe pas"... en tout cas ça n'existe que dans la perception qu'on en a !
Vomir ses illusions, ça purge, aussi, et on peut repartir avec de nouveaux appétits.
(Gilda, ce que je voulais dire dans mon commentaire précédent, c'est que face à des cas semblables, les uns décident de partir et d'autres de rester, personne ne "comprend" la prise de décision, on se doit de la respecter, enfin, je crois, mais pour moi, ça échappe au raisonnement... on peut l'expliquer à l'autre pendant des heures, je crois que ça reste incompréhensible pour lui)
18 De Kozlika -
L'autre vérité énoncée par Lipki, et toujours à son insu ironique est : « (le couple) C'est un concept inventé part l'homme et maintenue par des traditions, pour des raisons pratiques. »
Symbole d'alliance de guerre entre deux familles, associations commerciales ou de terres cultivables, solidarité économique entre deux individus, etc. Historiquement les couples se sont formés pour ces raisons (et se forment encore), depuis bien plus longtemps que notre toute récente (et très occidentale) mode de l'Amour d'ailleurs.
peano > je suis tout à fait d'accord avec ta définition de l'amour ; je trouve que c'est lui donner une belle fin que de se séparer quand on ne regarde plus du tout dans la même direction plutôt que le laisser devenir aigreur et rancoeur, jusqu'à perdre le souvenir des beaux jours.
19 De femme -
certes, il y a un enfant et il sera fragilisé, mais ne le serait-il pas d'avantage de vivre avec des parents qui ne s'aiment plus, est-ce lui donner le bon exemple ? ou doit-on rester à tout prix pour "le préserver" ? les avis sont partagés... Chacun le sien...
20 De gilda -
Merci pour les éclaircissements Samantdi ; pas tout à fait convaincue cependant par le "pas comprendre", ça aide quand même beaucoup à guérir d'un amour si celui à qui on le portait prend la peine avant de disparaître ou s'éloigner de dire pourquoi lui n'y est plus et pourquoi il estime qu'il vaut mieux arrêter là plutôt que prolonger jusqu'à la haine ou la rancoeur une relation qui pour elle ou lui n'a plus lieu d'être. Ça fait toujours mal à celui qui reste seul, mais ça lui permet une fois passé la période semblable au deuil, de se relancer dans une nouvelle vie. On peut être amoureux/se (ou justement plus) et rationnel(le), non ?
J'ai pour ma part fort peu de doutes quant au sujet des enfants, l'idéal pour eux si leurs parents ne s'aiment plus c'est de toute évidence la séparation respectueuse, avec des moments chez l'un puis chez l'autre. J'en connais qui l'ont réussi. Bien sûr si l'un des parents instrumentalise leurs gamins communs au service de ce qu'il estime être sa juste cause, les enfants passent une sale période (qu'ils font généralement payer plus tard au parent qui l'a fait, car les enfants sont rarement stupides même s'ils n'ont sur le moment du fait de leur âge pas tous les éléments de compréhension). Mais le plus esquintant, c'est quand même l'ambiance pourrie et l'absence de chaleur humaine d'un couple qui s'est réduit à la simple cohabitation contrainte (je ne parle même pas de ceux où les choses ont carrément dégénéré, ni de ceux où les gosses même s'ils n'ont rien fait de mal servent de prétextes à disputes permanentes).
21 De Pierre Kubick -
Il y a 1 an, le 11 mai 2007, Franck posait un regard sur son vécu quotidien.
Il en montrait les contraintes, les doutes permanents : "fais-je bien ?" "N'en fais-je pas trop ?"
Franck et son épouse regardaient dans la même direction... leur enfant ! Parce qu'il le fallait. Et cela durait depuis 8 ans.
Comment ne pas être éreinté quand tous les instants autres que professionnels passent à lutter contre, pour résumer, l'obscurantisme, la mauvaise foi, la bureaucratie,...
Je peux donc supposer, 1 an plus tard, que la décision actuelle de Franck s'est construite pendant l'année écoulée.
Peu importe finalement les détails de cette décision (chacun faisant ce qu'il peut plus souvent que ce qu'il veut !), mon regard ne peut être qu'empathique. Si Franck se donne à lire, c'est qu'il y a une raison et je ne pense pas que celle-ci soit exhibitionniste.
22 De lipki -
Vomir ses illusions, ça purge.
Pas envie ...
23 De Droop -
Reste que celui qui part a un travail nécessaire de deuil à accomplir, peut-être même autant que celui qui est quitté. Et c'est un quitté qui vous le dit ! Moi aussi j'ai trouvé tout comme toi étonnante l'universalité de ce qui arrive à ceux qui en passent par là (et ils sont bizarrement nombreux sur la blogosphère ces derniers temps), qu'ils soient quittant ou quittés.
24 De gilda -
J'aime beaucoup, Droop, "qu'ils soient quittant ou quittés".
Cela dit, le deuil est moins pénible à qui en a pris l'initiative, il ou elle en connaît les raisons et a su, dés lors que sa décision était prise, combien serait pénible la période à venir. Il ou elle sait aussi ce qu'il peut en espérer (si ce n'était pas dans l'espoir d'aller d'une façon ou d'une autre vers une vie meilleure on peut supposer qu'il ne la prendrait pas). Le quitté quant à lui subit, et dans certain cas subi sans rien avoir vu venir. J'ai appris avec 14 ans de retardement que mon mari, devenu amoureux ailleurs, avait failli (sans doute) partir. A l'époque je pataugeais dans l'épuisement de reprise du travail après une naissance (et ça se passait plutôt moyen bien, et en tout cas on ne me faisait pas de cadeau), celui du jeune parent, j'étais aveuglée par ces fatigues et je n'en ai rien vu, sinon que lui aussi semblait crevé et si souvent de mauvaise humeur et qu'il ne m'aidait vraiment pas beaucoup mais bon avec tout ce travail c'était un peu normal il était crevé etc. S'il était vraiment parti, je serai sans doute morte sur le coup d'une crise cardiaque par stupéfaction absolue, nous étions si heureux à peine avant à la naissance de la petite.
Le quittant a donc l'avantage de l'initiative. Il a cependant l'inconvénient d'un éventuel remord. Encore que dans certains cas, le quitté s'il était capable d'un brin de réflexion sur lui-même se rendrait compte d'une part non négligeable de responsabilité de sa part (je parle en tant que "quittée quelques fois, quittante (pour l'instant) jamais").
25 De femme -
j'aime bien ce que tu écris gilda, mais tu es parfois trop mélancolique... ou triste... dommage, la vie n'est pas terminée pour toi !
26 De luciole -
Chacun y va de son avis, de sa vérité, de ses sentiments. c'est vrai que ça concerne tout le monde la fin d'un amour, qu'on le redoute, qu'on l'ai vécut, qu'on refuse d'y penser, on est tous concerné.
Je vais y aller du mien aussi, d'abord pour dire à Gilda qui reconnaît elle même n'avoir jamais quitté, qu'elle ignore donc les avantages et les inconvénients d'une telle décision. Est ce que la souffrance se mesure, se pèse, se quantifie ? Se qualifie peut être et encore ... Et d'insisté sur le fait qu'on ne sait pas toujours pourquoi on part, juste un sentiment si fort, injuste peut être mais vital.
Et pour rebondir sur la justice et la nécessité, on peut être une personne soucieux de justice, soucieux des autres, et éprouver la nécessité de partir, c'est parfois une question de survie, il est là l'égoïsme nécessaire dont parle les psy. C'est faire preuve de maturité que de savoir identifié les limites entre compromis et sacrifice. Vivre ensemble c'est une histoire d'harmonie, elle n'est pas permanente, et le chaos porte en lui le désir de cette harmonie, mais quand il ne reste que le vide, c'est une forme de mort et notre instinct de conservation doit nous pousser à partir. C'est aussi faire preuve de courage que d'accepter d'être "le bourreau", la plupart des gens n'ont pas envie de faire mal, assumer que parfois c'est inévitable est une forme de courage. Et puis partir, c'est souvent se sauver soi même, mais c'est aussi sauver l'autre, même si l'abîme qui s'ouvre devant lui le terrifie, il faut ça parfois pour recommencer à vivre...
Et je parle de tout cela, avec mon propre bagage et quittée et de quittante ;-)
27 De femme -
il arrive aussi que le quitté, fasse "tout" pour ne pas être le quittant... parce qu'il n'en a pas le courage, qu'il veut se plaindre, garder les meubles, ne pas en prendre la responsabilité, ne pas assumer...