Informaticien

Je suis informaticien, vous devez vous en douter depuis le temps que j'écris des billets de geek — curieusement je ne me suis jamais senti geek mais on me dit que si — et j'avais envie d'écrire quelque part ce qui m'a amené à le devenir.

J'ai un peu de mal à déterminer le moment où j'ai commencé à regarder de plus près ces drôles de machines, cependant mes premiers souvenirs dont je me souvienne datent de l'année où j'étais en seconde. C'était l'année scolaire 1977-1978. Sur le trajet que je faisais à pied entre la gare routière et le lycée se trouvait une boutique d'ordinateurs personnels. On y trouvait pêle mèle des TRS 80, des Pet Commodore ou encore un Apple II. Pendant plusieurs semaines, je suis passé devant, puis je me suis arrêté à chaque fois devant la vitrine, jusqu'au jour où j'ai remarqué un garçon qui n'avait l'air plus agé que moi en train de taper sur le clavier de l'Apple. J'ai pris mon courage à deux mains et je suis entré dans la boutique. Le gérant était dans un coin, en train de faire je ne sais quoi. Il a levé les yeux, m'a jaugé un moment puis a rebaissé la tête. Je me suis alors dirigé vers le garçon qui était en train de jouer avec Mystery House. Un jeu à la manière de Myst, où il y a plein d'endroit à visiter, des énigmes à résoudre, … Le tout en mode fil de fer et en monochrome. Une merveille à mes yeux !

Je suis revenu régulièrement dans cette boutique, où le gérant avait fini par me dire que je pouvais utiliser les ordinateurs que je voulais, parfois au détriment des cours qu'il m'arrivait de sécher complétement. J'y ai passé des heures et des heures. A découvrir comment cela fonctionnait, à essayer des programmes, des jeux, à discuter avec tous ceux qui comme moi venaient là. Ce n'était plus une boutique, c'était une sorte de club, où nous nous retrouvions pour assouvir nos passions, car c'était devenu une passion. D'ailleurs je me suis toujours demandé, et je me demande encore, comment faisait le gérant pour vivre, car je n'ai pas l'impression qu'il en vendait beaucoup de ces ordinateurs ! Heureusement pour nous. Déjà à l'époque, l'Apple II avait la vedette. C'était l'Ordinateur avec un grand O. Celui sur lequel on se jetait dès qu'il était disponible, et il ne l'était quasiment jamais ! Une sacré année.

L'année suivante, lorsque j'étais en première, j'avais un copain dont le père avait monté une société de service informatique, une des premières en France. Un curieux bonhomme que ce monsieur, un gars capable de vous expliquer la logique floue, qu'il y avait une infinité de valeurs possibles entre 0 et 1 avec cette logique, vous faire entrevoir ses applications, vous faire croire que vous aviez tout compris et que c'était infiniment simple ! Donc ce copain, féru d'informatique, m'a proposé un jour alors que nous étions dans le bus qui nous amenait à l'école, de m'apprendre le basic. J'ai dit oui bien sûr, tellement j'avais envie d'être capable de programmer moi-même ces formidables machines. J'ai donc passé plusieurs mois, tous les matins où nous allions en cours, à sortir mon cahier et un crayon et à écrire des lignes de code en apprenant au fur et à mesure les instructions de ce langage. J'ai donc commencé à programmer sur du papier et je n'ai jamais arrêté depuis. Il avait donc choisi de commencer par me demander comment je pouvais programmer un jeu d'échec ! Oui, un jeu d'échec ! Vous imaginez la complexité de cet exercice ? En fait, il m'a dit que c'était très simple : Voilà l'algorythme, est-ce que le roi est en échec ? si oui le déplacer pour sortir de cet état, sinon essayer de mettre le roi adverse en état d'échec et mat !. Voilà toute la beauté d'un cahier des charges. En une phrase vous décrivez le principe de base d'un programme qui peut solliciter les plus gros ordinateurs de la planète ! Bien sûr, cet exercice n'était qu'un pretexte pour découvrir le langage et la programmation. Une belle leçon qui est ancrée dans ma tête. Comme quoi il ne faut pas grand chose pour faire découvrir des merveilles.

Ce n'est que trois ans plus tard, une fois le Bac en poche et l'armée effectuée et qu'il fallait que j'entre dans la vie active, que j'ai pu suivre un stage rémunéré d'analyste-programmeur pendant quelques mois. J'ai eu la chance d'avoir un professeur admirable qui nous a appris les quelques bases du métier avec une pédagogie exemplaire. Je m'y suis trouvé tout de suite à l'aise, surtout que j'étais déjà acquis les bases de la programmation en basic. J'y ai appris que le contrôle d'erreur était important, et surtout qu'il fallait penser à sauvegarder son travail. J'en veux pour exemple le jeu que j'avais développé à l'époque, un jeu de déduction basé sur un parcours d'un rayon ricochant sur des billes positionnées sur une grille, positions que le joueur ne connaît pas à l'avance. Le but de ce jeu était de découvrir la position des billes à l'aide du minimum de lancés de rayon. Mais je m'éloigne du sujet. Je disais donc que j'ai compris la valeur de la sauvegarde lorsqu'un jour, en arrivant au stage et en allumant le terminal, je me suis vite aperçu que tous mes fichiers avaient disparus. Mes co-stagiaires n'avaient rien trouvé de mieux que de me faire cette farce. Depuis ce jour, je sauvegarde, beaucoup ! A la fin du stage, j'ai trouvé un boulot dans une très grosse SSII et ma carrière a débuté, mais c'est une autre histoire !

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